Chaque semaine, les experts de Hubwatt sont interrogés sur cette question cruciale : « Faut-il privilégier l’autoconsommation collective ou la vente totale pour valoriser son énergie renouvelable ? »
La question de savoir s’il faut privilégier l’autoconsommation collective ou la vente totale est de moins en moins pertinente. Aujourd’hui, grâce à l’évolution des réglementations et des technologies, ces deux solutions ne s’opposent plus mais se complètent. La vente totale reste une option utile pour valoriser le surplus ultime, tandis que l’autoconsommation collective ouvre la voie à une valorisation locale plus efficace de l’énergie produite.
Avec l’autoconsommation collective en plein essor et appelée à se généraliser, ces deux modèles forment un duo gagnant pour maximiser la rentabilité et l’impact local de votre production. Dans cet article, découvrez pourquoi il n’y a plus de choix à faire, mais plutôt une stratégie à bâtir pour tirer le meilleur parti de ces approches complémentaires.
La vente totale, un choix simple mais limité
Qu’est-ce que concrètement la valorisation par la vente totale ?
La vente totale consiste à injecter l’intégralité de l’énergie produite par une installation renouvelable dans le réseau national. Cette énergie est vendue à un tarif réglementé, généralement fixé dans le cadre d’un contrat d’obligation d’achat avec EDF OA ou un fournisseur d’énergie agréé.
Les avantages de la vente totale
- Simplicité administrative et technique :
Vous n’avez pas à gérer l’équilibrage de votre production et consommation ou à mettre en œuvre des systèmes de gestion complexes. - Prédictibilité financière :
Grâce aux tarifs d’achat garantis, vous bénéficiez de revenus stables pendant toute la durée du contrat (souvent 15 à 20 ans).
Les limites de la vente totale
- Tarifs d’achat de moins en moins attractifs :
Les prix fixés par les contrats d’obligation d’achat diminuent régulièrement, rendant cette option de moins en moins rentable. Actuellement, ces tarifs sont souvent inférieurs au coût de l’électricité que vous achetez pour vos propres besoins.
De plus, ces contrats imposent une limite d’heures de production valorisées à un tarif réglementé. Une fois cette limite atteinte, le surplus d’énergie est racheté à un prix bien plus bas, réduisant significativement les revenus potentiels pour les producteurs. - Absence d’autonomie énergétique :
Vous restez dépendant du réseau pour votre consommation d’énergie, ce qui vous prive des économies potentielles liées à l’autoconsommation. - Manque de retombées économiques locales :
La vente totale ne contribue pas directement à l’économie locale. Toute l’énergie produite est injectée dans le réseau national, sans impact positif immédiat pour les acteurs économiques de proximité (entreprises, collectivités, commerces).
Exemple concret
Prenons le cas d’une PME disposant d’une installation solaire produisant 100 MWh par an. Si elle vend toute son énergie à un tarif réglementé de 9 c€/kWh, elle générera 9 000 € par an. En revanche, une valorisation locale via l’autoconsommation collective pourrait augmenter ce chiffre en exploitant une partie de l’énergie pour ses propres besoins ou en la partageant à un tarif plus élevé.
Pourquoi privilégier l’autoconsommation collective ?
Qu’est-ce que l’autoconsommation collective ?
L’autoconsommation collective repose sur le partage de l’énergie produite localement entre plusieurs consommateurs et producteurs situés dans un périmètre géographique défini par la loi. Ce modèle innovant permet à une entreprise ou une collectivité de maximiser la valeur de son énergie produite tout en favorisant une consommation locale. En effet, les énergies renouvelables perdent de leur valeur si elles ne sont pas consommées au bon endroit et au bon moment.
L’autoconsommation collective fonctionne sur un système d’autoconsommation multi-compteurs intelligents. Elle établit une répartition efficace de l’énergie produite sur un périmètre défini, impliquant un ou plusieurs producteurs et entre un et plusieurs consommateurs. Ce mécanisme optimise la consommation locale tout en valorisant au mieux chaque kilowattheure produit.
Les avantages économiques de l’autoconsommation collective
- Meilleure valorisation de l’énergie produite
Contrairement à la vente totale, où l’électricité est vendue à un tarif réglementé souvent inférieur au prix du marché et limité en volume ou en durée, l’autoconsommation collective permet de valoriser l’énergie à un tarif négocié directement entre producteurs et consommateurs locaux. Ces tarifs peuvent être supérieurs au tarif d’achat réglementé, augmentant ainsi les revenus générés.
Exemple concret d’un agriculteur valorisant son surplus à sa coopérative agricole
Un agriculteur équipé d’une installation solaire sur ses hangars peut vendre son surplus d’énergie à sa coopérative agricole située à 1,5 km. Si l’électricité est valorisée à 13 c€/kWh, cela reste moins coûteux pour la coopérative que les 16 c€/kWh proposés par un fournisseur classique, tout en permettant à l’agriculteur de percevoir un tarif plus attractif que les 9 c€/kWh offerts par la vente totale. Résultat : l’agriculteur optimise ses revenus tout en soutenant une structure locale essentielle à son activité. - Réduction des coûts énergétiques pour les consommateurs locaux
Les participants à un projet d’autoconsommation collective peuvent bénéficier d’un accès à une énergie renouvelable à un coût réduit. Cette énergie est souvent moins chère que celle fournie par les fournisseurs traditionnels, grâce à la convention établie entre le producteur et les consommateurs. De plus, l’offre peut être plus stable, les conditions (tarifs et durée du contrat) étant définies directement entre le producteur et les consommateurs.
Exemple concret d’un industriel valorisant sa production auprès d’une entreprise voisine
Une entreprise disposant de panneaux solaires sur son site industriel peut vendre son surplus d’énergie à une entreprise voisine, comme une petite usine ou un commerce local, situé à 500 mètres. Par exemple, si l’énergie est vendue à 14 c€/kWh, cela reste plus compétitif pour l’entreprise voisine que le tarif de 18 c€/kWh proposé par les fournisseurs classiques, tout en offrant une meilleure rentabilité au producteur. Résultat : une économie pour l’acheteur et un revenu optimisé pour le producteur. - Optimisation du retour sur investissement (ROI)
En maximisant l’utilisation locale de l’énergie produite, l’autoconsommation collective réduit les pertes et améliore la rentabilité des installations. Les producteurs tirent un meilleur parti de leur investissement initial, et les consommateurs bénéficient d’un accès à une énergie à moindre coût.
Exemple concret d’un parc photovoltaïque
Un parc photovoltaïque d’une collectivité produit 500 MWh par an. En répartissant l’énergie entre des infrastructures locales (gymnase, bibliothèque, logements sociaux, école), elle améliore de 30% le retour sur investissement prévu par rapport à la vente totale. - Conservation d’une option de vente du surplus ultime à EDF OA
Un avantage clé de l’autoconsommation collective est qu’elle ne ferme pas la porte à la vente de l’énergie non consommée localement. Le surplus ultime, c’est-à-dire l’énergie excédentaire qui ne peut pas être partagée ou consommée dans le périmètre, peut toujours être vendu à EDF Obligation d’Achat (EDF OA) via un contrat réglementé. Cela garantit une valorisation complète de la production au meilleur prix et sécurise les revenus des producteurs, même en cas de départ d’un consommateur du projet d’autoconsommation collective.
À qui valoriser son surplus d’énergie dans le cadre d’un projet autoconsommation collective ?
L’autoconsommation collective offre des possibilités intéressantes pour optimiser la valorisation de l’énergie excédentaire produite. Deux grands axes se dégagent : les collaborations avec des structures locales et la réaffectation de l’énergie à d’autres sites d’une même entreprise. Ces options permettent de maximiser la rentabilité, de renforcer les synergies économiques locales et de sécuriser les factures d’énergie grâce à des contrats stables et maîtrisés.
Structures locales dans un périmètre défini
Le cadre légal de l’autoconsommation collective permet de partager l’énergie produite avec des consommateurs situés dans un périmètre géographique défini par la réglementation. Celle-ci précise que la distance maximale entre les deux participants les plus éloignés (consommateur et/ou producteur) ne doit pas dépasser 2 km.
Ce périmètre peut toutefois être étendu jusqu’à 20 km sous dérogation ministérielle, offrant ainsi une certaine flexibilité selon les spécificités des projets.Ces structures locales peuvent inclure des commerces, des artisans, des collectivités ou même des bâtiments publics.
Exemple concret d’un supermarché équipé d’ombrières
Un supermarché équipé d’ombrières solaires sur son parking peut valoriser son surplus d’énergie en le vendant à un atelier de menuiserie situé à 1,5 km. Cet atelier, qui consomme beaucoup d’électricité pour ses machines de découpe, bénéficie d’une énergie à un tarif compétitif par rapport aux fournisseurs classiques. En parallèle, le supermarché optimise ses revenus en obtenant un tarif plus avantageux que celui de la vente totale à EDF OA.
Ce type de collaboration illustre parfaitement comment une production locale peut profiter à plusieurs acteurs économiques, en optimisant l’utilisation de la ressource énergétique tout en renforçant les circuits courts énergétiques. Résultat : une réduction des coûts pour les consommateurs locaux et une meilleure valorisation pour le producteur.
Autres sites d’une même entreprise
Pour les entreprises disposant de plusieurs sites dans une même zone, l’autoconsommation collective est une opportunité d’optimiser leur consommation énergétique interne. En affectant l’énergie excédentaire produite par un site vers un autre, elles réduisent leurs factures globales d’électricité et valorisent au mieux leur investissement dans les énergies renouvelables.
Exemple concret d’une entreprise de logistique
Une entreprise de logistique possède un entrepôt principal équipé d’un système photovoltaïque. Cet entrepôt produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. Plutôt que de vendre ce surplus à EDF à un tarif réglementé, l’entreprise décide de l’affecter à son bureau administratif situé à 1,2 km, également dans le périmètre défini par la réglementation. L’énergie est utilisée pour alimenter les serveurs et les bureaux, réduisant ainsi les dépenses énergétiques globales de l’entreprise.
Ce modèle permet aux entreprises multi-sites d’exploiter pleinement leur potentiel énergétique, tout en s’affranchissant des fluctuations des prix de l’énergie sur le marché.
Points essentiels à considérer avant de décider de la valorisation de votre projet de production d’énergie renouvelable.
Le choix entre la vente totale et l’autoconsommation collective n’est plus réellement une question aujourd’hui. Ces deux approches ne sont pas exclusives, mais complémentaires. En combinant les avantages de l’une et de l’autre, vous pouvez maximiser la valeur de votre production énergétique : la vente totale assure des revenus stables pour le surplus ultime, tandis que l’autoconsommation collective permet une valorisation locale optimale de l’énergie produite. Ensemble, elles offrent une stratégie équilibrée et performante.
Opter pour l’autoconsommation collective ne signifie pas renoncer aux avantages de la vente totale. En dernier recours, les surplus d’énergie non consommés localement peuvent toujours être vendus via des dispositifs comme EDF Obligation d’Achat (OA). Cela garantit un amortissement minimal de votre installation, même lorsque toute l’énergie produite ne peut pas être valorisée dans le périmètre défini.
Ce double mécanisme – valorisation locale prioritaire et vente réglementée des excédents – fait de l’autoconsommation collective une solution hybride, flexible et sécurisée. Elle combine les bénéfices économiques d’une utilisation locale optimisée avec la stabilité offerte par les dispositifs de vente totale.
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